Ballades en bateaux de nuit

Une ballade nocturne. au fil de l’eau …

Les différents tableaux qui apparaîtront tentent de reconstituer un peu du passé de la vie à Maillé, surtout celui de la première moitié du XXème siècle (entre 1900 et 1950) et un peu de l’ambiance plus lointaine du XVIIème siècle (vers les années 1600).

Présentation de Maillé

Maillé est un bourg ancien fondé au Moyen-Âge au cœur du Marais Poitevin. Alors ancien port de l’abbaye de Maillezais, actuellement au confluent de la Sèvre Niortaise et de la Jeune Autize, à la jonction entre le marais mouillé (la Venise verte), le marais desséché, zone de grandes cultures protégée des crues par un réseau de levées (digues) et de canaux évacuant les eaux vers la mer, et la plaine calcaire du bassin de Fontenay-le-comte.
La jeune Autize se jette dans la Sèvre par l’intermédiaire d’un canal, le canal de Bourneau, que vous emprunterez pour aller aux tableaux situés sur les bords de Sèvre.

Tableau N°1 : La vannerie

Culture traditionnelle du Marais Poitevin, l’osier est utilisé pour produire de nombreux objets dont la célèbre « bosselle » typique du Marais Poitevin et qui servait à percher les anguilles alors omniprésentes dans le marais, ce qui n’est hélas plus le cas.
Peu d’outils sont utilisés, citons la serpette, la batte, le poinçon, le sécateur et pour fendre en trois éclisses un brin d’osier, un fendoir en bois dur (du buis).

Tableau N°2 : Les lavandières

Bien avant la machine à laver, de nombreuses « mères DENIS » locales ont utilisé l’eau de nos rivières pour laver et rincer le linge.
Des installations spécifiques collectives, les « lavous » (lavoirs), étaient aménagées sur certains bords fermes et en pentes douces.
Il fallait amener en brouette le linge mouillé, s’installer à genoux dans la « carrosse », manier savon et « bardrai » (battoir en bois), rincer avec de grands gestes des bras, tordre pour essorer à la main puis remporter le linge propre à sécher.
Dur travail hebdomadaire ! Mais aussi lieu de rencontre et lieu de convivialité entre femmes où s’échangeaient « nouvelles » locales comme les cancans, en même temps que s’étalaient les rivalités ordinaires…

Tableau N° 3 : La Forge

C’est l’outil principal du travail des métaux au feu. Un travail artisanal, indispensable dans une société agraire, se déroulait autour de la forge : fabrication et adaptation des fers à cheval, fabrication et réparation des outils agricoles, cerclage des roues de brouettes, de
charrettes ou de tombereaux,……
Le travail du forgeron était spectaculaire : tenue de cuir, exercice physique de force, rythme et sonorité des coups de marteau, magie du feu, gerbes d’étincelles sous les coups, sous le regard émerveillé des enfants, qu’on tenait néanmoins à distance pour des raisons de
sécurité.
La forge était souvent située au cœur du village, comme le foyer d’une maison, et le
forgeron bénéficiait d’un statut social particulier au sein de la communauté villageoise.

Tableau N° 4 : Le Gemmage des batais

Le Gemmage est une technique traditionnelle d’entretien des bateaux plats du Marais, les « batais », qu’il était indispensable de calfater régulièrement pour en assurer l’étanchéité.
On enduisait le batai retourné sur un support d’un mélange noirâtre de goudron de gemme – oléorésine de Pinus pinaster ou pin maritime – et d’étoupe, qui devait être chauffé pour pouvoir être étalé.
Avec le développement des batais en fer, la tradition a néanmoins perduré car ces bateaux légers et solides sont sensibles à la corrosion et demandent un entretien régulier. De nos jours, le développement des bateaux en plastique a rendu cette pratique désuète.

Tableau N° 5 : La « Cavalerie d’Agrippa »

La cavalerie d’Agrippa est un ensemble équestre mailletais nommé ainsi en l’honneur de Théodore Agrippa d’Aubigné (1552-1630). Poète et chef de guerre calviniste intransigeant, il se retira au cœur du Marais Poitevin après la conversion du roi Henri de Navarre au catholicisme pour y poursuivre son œuvre littéraire imprégnée de ses convictions religieuses, sans toutefois abandonner son activité politique (gouverneur de Maillezais, habitant le Fort de Dognon à Maillé jusqu’en 1619).Mêlé à une conspiration, il dut fuir à Genève où il mourut en 1630. Il était le grand-père de Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, connue sous le nom fameux de Madame de Maintenon, épouse morganatique de Louis XIV.

Tableau N° 6 : La pompe à bras et les pompiers

Belle pièce de musée toujours en état de fonctionnement, témoin d’une époque où la sécurité du citoyen était assurée par la solidarité entre voisins et à la force des bras ! Bel hommage au courage des pompiers de « chez nous ».
Cette pompe était tirée à bras. Il fallait être en bonne condition physique pour pouvoir la servir.

Tableau N° 7 : Le Recalage de conches

Les voies navigables du bassin de la Sèvre Niortaise tendent à s’obstruer et à s’envaser sur une période moyenne de vingt-cinq ans. Aussi, chaque été, des équipes de journaliers étaient traditionnellement engagées pour des travaux de recalage. Ces « recalous » travaillaient à la tâche avec une sentine en bois. Un travail de forçat.
Dans les syndicats de Marais, chaque propriétaire se doit de participer financièrement à l’entretien des canaux ; s’il ne peut le faire en argent, il doit y participer en fournissant des jours de travail, à l’image de la « corvée » d’Ancien Régime.

Tableau N°8 : La guinguette des bords de Sèvre

La Sèvre était autrefois bordée de ces guinguettes où les maraîchins venaient danser.
Certaines étaient encore en activité il y a peu.
Maillé peut se vanter de posséder dans son patrimoine une culture musicale intergénérationnelle vivante et très populaire : l’Ensemble musical de Maillé.
Des musiciens de tous âges y jouent un répertoire d’orchestre d’harmonie varié dans une ambiance toujours au beau fixe.
Ils vous restituent ici l’ambiance d’une ces Guinguettes de bord de Sèvre.

Tableau N° 9 : Le Battage dans le marais

Suite à la suppression des méandres de la Sèvre Niortaise entrepris au 19ème siècle afin de la rendre plus navigable, des parties se sont trouvées enclavées et sans accès par des ponts. On peut citer les iles de Bazouin ou des Loges, de la Chate, de Charouin, de la Carpe.
Si les petites batteuses du tout début du 20ème siècle étaient facilement transportables, pour la locomobile à vapeur qui devait fournir l’énergie c’était autrement plus compliqué. De ce fait il était plus simple d’installer la locomobile dans la plate ou « batai », de l’amener via les canaux au bord du champ pour l’y amarrer. L’énergie était transmise avec une longue courroie jusqu’à la rive.
Prosper Richard, fondateur de la scierie de Maillé, était de ceux-là. Il cessait son activité de sciage de planches pour se consacrer au battage.

Tableau N°10 : La pêche aux engins dans le marais

La pêche aux engins (épervier, carrelet, nasse..) constitue un plus qu’un passe-temps, une passion, cousin de la pêche à la ligne. Une réglementation particulière s’applique à cette technique. Les pêcheurs amateurs aux engins doivent acquérir une licence qui leur donne le
droit de pêcher sur certains lots, bien définis.
Le plus surprenant dans cette pêche est certainement la pêche à l’épervier. « Il faut préparer son coup, maîtriser le filet, obtenir un ‘‘jeté rond ’’ pour capturer les poissons ».

Tableau N°11: Les moines

L’assèchement du marais a été initié par les puissantes abbayes qui bordent le Marais Poitevin dès le XIème siècle, elles se sont même associées entre elles pour financer des ouvrages considérables, le plus connu étant le canal des 5 abbés qui débouche dans l’anse du
Brault. Les plus connues étant l’abbaye de Maillezais et celle de Nieul sur l’Autise.
Sous leur impulsion, les marais desséchés sont devenus de riches terres à « bleds » selon les mots de l’époque et une grande région d’élevage.
Ils n’oublièrent cependant pas de développer la culture de la vigne, indispensable pour le sacrement de l’Eucharistie, cœur de la culture Chrétienne, et notamment de la liturgie Catholique.

Tableau N° 12 : La pêcherie

Elle est pratiquée depuis des temps les plus reculés. On voit ici un pêcheur au tramail, à l’araignée et aux tonneaux.
Le tramail, un filet à trois couches, prend tout ce qui se déplace dans l’eau et qui ne peut traverser sa maille (27 ou 35 ou 40mm, ou plus…) On pêche de belles anguilles avec la maille 27, notamment.
L’araignée est un filet à une seule couche, plus simple, plus léger, qui attrape surtout les carnassiers (brochets, sandres, perches).
Les tonneaux sont des engins arrondis en fils de fer galvanisé avec un ou deux goulets à sens unique pour le poisson. Ils se placent dans les bords ou sous une grosse souche où se cachent l’anguille et la petite friture.

Tableau N° 13 : Les Huttiers et les cordes

Les huttiers étaient ces personnages un peu sauvages qui habitaient les digues ou levées qui protégeaient les marais.
Ils y étaient tolérés en contrepartie de l’entretien des levées. Leur habitat de départ était constitué de huttes en roseau d’où leur nom. Ils vivaient chichement de pêche, de chasse et de la consommation des animaux qui paissaient sur les levées.
La fabrication des cordes Les cordes étaient d’utilité courante et, pour en avoir de solides en permanence, la culture de la « charve » (chanvre, Cannabis sativa) était pratiquée dans les exploitations agricoles. Cette culture rustique est d’ailleurs remise à l’honneur en Vendée depuis quelques années où elle permet notamment de produire des matériaux isolants tout en dépolluant les sols.
Après semis du chanvre et récolte des tiges, on les rouissait dans l’eau des fossés avant d’en tirer les longues fibres qui, battues et cardées (peignées), c’est-à-dire débarrassées de leurs déchets fragiles et inutiles, étaient ensuite filées en gros cordons.
Il fallait ensuite, à plusieurs, et à l’aide d’une machine artisanale spéciale, réunir et tordre ces cordons pour en faire une corde (ou un câble selon la taille) solide et de longueur adaptée.
Travail industrieux, convivial et spectaculaire !

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